Jusqu’au début du XXe siècle, les femmes rencontrèrent de douloureux obstacles pour parvenir à s’affirmer en tant qu’artistes. Exclues de la pratique professionnelle d’un certain nombre d’arts, leurs œuvres sont dévalorisées et leurs accès aux formations artistiques compliqués. Pourtant, sur la scène artistique, les femmes artistes sont bel et bien nombreuses. Être la fille, la sœur, la cousine, l’épouse d’un artiste constitue un terrain propice au développement d’une pratique professionnelle. La présence d’artistes au sein de la famille constitue un atout indéniable pour la formation artistique des femmes, apprenant ainsi à manier le pinceau, le crayon ou encore le burin aux côtés de leurs
parents. À la maison, elles disposent de l’atelier de ceux-ci et du matériel nécessaire pour parfaire leur art. De ce fait, la figure parentale constitue la pierre angulaire de leur formation comme le montre le parcours de la sculptrice Lucienne Heuvelmans. Qu’elles soient dans une optique de rupture ou de continuité avec leur héritage familial, les femmes artistes issues d’un environnement d’artistes obtiennent, dès la
naissance un héritage artistique et culturel lié au patronyme. Formées par leur père, Auguste Danse, qui fonde à ses frais un atelier à Mons entièrement dédié à la pratique gravée, Louise et Marie Danse sont, aux côtés de leur consœur et amie Élisabeth Wesmael, épouse de l’écrivain belge Mau- rice Des Ombiaux, les premières femmes à bénéficier d’un enseignement spécifique de la gravure. Pour celles qui n’ont
pas eu la chance de recevoir une assise familiale pour rentrer dans le monde artistique, le chemin est plus difficile à tracer. S’associer avec un artiste (ami, amant et/ou époux) permet cependant une forte liberté sociale : l’histoire montre que le couple favorise une valorisation et une émancipation de la femme artiste sur la scène de l’art comme le firent Jeanne Jacquemin, Marguerite Fié-Fieux et Yvonne Tronquet.